Tout savoir sur Alephium, la blockchain PoW qui explose
Maud Bannwart est la COO d’Alephium , une blockchain L1 fonctionnant en Proof of Less Work. Ce nouveau consensus est une véritable innovation qui permet aux développeurs de construire leurs dApps dans les meilleures conditions.
En utilisant le sharding et un mélange entre l’UTXO et l’account based et le PoLW, Alephium tire le meilleur parti de tout ce qu’il a été fait dans l’univers des blockchains jusque-là.
Alephium est parmi les plus grosses blockchains en PoW et a même connu un regain d’intérêt lors des mois précédents.
Avec Maud, découvrez-en plus sur Alephium, leur vision, comment leur écosystème fonctionne, leurs futurs développements et bien plus encore :
Qu’est-ce que Alephium ? Qu’est-ce qui a inspiré sa création ?
Alephium est une blockchain Layer 1. Notre inspiration vient du fait que, sur la base des smart contrats, la majorité des blockchains aujourd’hui sont construites sur les mêmes bases technologiques.
Ce sont souvent des blockchains account based, EVM compatibles et qui sont PoS pour la scalabilité. Comme tous les choix technologiques, ils viennent avec des compromis.
Nous sommes loin d’avoir une industrie dans laquelle nous pouvons naviguer de manière fiable, sécurisée et simple d’utilisation. Et même pour un développeur expérimenté pour construire des smart contracts qui soient sécurisés dans l’environnement EVM solidity reste très compliqué. Il y a beaucoup de vecteurs d’attaques et de surfaces d’erreurs.
Si nous voulons que l’industrie avance et ait plus d’adoption, il faut qu’on ait plus d’alternatives, il faut de l’innovation.
Alephium a été lancé pour construire une infrastructure pour les smart contracts tout aussi puissante, mais avec des compromis technologiques moindres.
Nous sommes dans la grande famille des blockchains qu’on appelle les UTXO based.
La différence est que nous n’utilisons pas le PoW classique ni l’UTXO based classique.
Quelles sont vos innovations ?
Je peux les résumer en trois points :
– La première est la scalabilité. Pour cela, nous utilisons le sharding. C’est un partitionnement du réseau. Nous avons plusieurs blockchains qui opèrent en parallèle. Notre grande différence avec les autres réseaux qui utilisent ce sharding, c’est que les autres réseaux sont account based. Il y a Ethereum, Kadena, Near…
La différence entre account based et UTXO based sont les informations utilisées on-chain. Dans une blockchain UTXO-based, les données traquées sont les transactions, dans une blockchain account-based ce sont les comptes et les balances qui sont traqués.
Donc, quand tu partitionnes un réseau en account based, tu obtiens différentes blockchains avec différents comptes et différents soldes. Le problème avec ce système est que dès que tu veux envoyer des fonds à un compte sur une autre blockchain, c’est compliqué. Cela a un impact sur l’expérience utilisateur. Et parfois la sécurité, car tu dois faire une transaction cross-chain.
En étant UTXO based, quand on partitionne le réseau, nous partitionnons les transactions sur des chaines spécifiques. Peu importe où tu vas faire des transactions, cela se fera toujours on-chain et en une seule étape. Et c’est donc toujours sécurisé par le mécanisme de consensus et beaucoup plus simple d’utilisation.
Alephium peut facilement aller au-delà de 10 000 transactions par seconde. Aujourd’hui, Alephium compte 16 blockchains. Cela peut permettre 400 transactions par seconde et quand la charge du réseau augmentera, nous pourrons augmenter le nombre de blockchains pour distribuer la charge et dépasser ces 10 000 TPS.
– Nous avons notre propre modèle d’accounting qui est un mélange entre le modèle UTXO et le modèle account. Nous avons la même facilité de développement des smart contracts que sur une blockchain account based, mais nous gardons la sécurité des traitements des assets du modèle UTXO.
Par exemple, nos tokens existent vraiment on-chain. Ce ne sont pas juste des champs dans la base de données d’un contrat. Même si les contrats sont attaqués, les tokens existeront toujours.
Nous avons également notre propre machine virtuelle et notre programming langage. Nous avons une résistance à la MEV et aux vecteurs d’attaques sur les smart contracts.
Par exemple, l’intégration de Uniswap V2 sur Alephium demande 80% moins de lignes de code. Nous avons un développeur lors de notre hackathon, qui a développé sa dApp sur Alephium en 2 semaines.
Alors que cela lui avait pris 2 mois sur une autre blockchain. Bien qu’il n’ai jamais utilisé Alephium auparavant et qu’il avait 3 ans d’expériences sur cette autre blockchain.
– Notre dernière innovation est sur le côté Proof-of-Work que nous appelons Proof of Less Work. Pour le PoW classique comme le Bitcoin, l’un des problèmes est qu’il n’y a pas de limites à combien d’énergie utilise le réseau. Cela peut augmenter de manière infinie selon l’utilisation du réseau.
Avec Alephium, nous limitons l’utilisation énergétique du réseau. En gros, nous sommes comme un PoW classique jusqu’à ce que l’on atteigne un hash rate critique. Lorsque nous arrivons à notre limite fixée à 1 exa hash, le coût de minage d’un block continue d’augmenter comme en POW. Mais au lieu de demander de payer ce coût exclusivement en électricité, nous leur demandons de payer une partie de ce coût de hashrate, en jetons ALPH en amont.
Dans le bloc, nous aurons donc un input pour permettre aux mineurs de venir burn ces jetons ALPH pour payer une partie du coût en électricité. Tu ne réduis donc pas ta sécurité puisque le coût continue d’augmenter et rend toujours plus difficile de miner un bloc.
À large échelle, PoLW consomme 87% d’électricité de moins que POW pour un même niveau de sécurité.
En cas d’adoption, ce burn de jetons pourrait venir à bout de l’approvisionnement ?
Cela prendrait longtemps, ce burn est inférieur à ce qui est miné. Mais effectivement, c’est une force déflationnaire. Nous parlons d’un minage sur plus de 80 ans.
Quel avenir pour le PoW ?
Alephium est fait pour pouvoir évoluer au fil du temps et des technologies.
Alephium vise donc à proposer quelque chose de complètement différent de ce que l’on voit dans l’industrie. Très peu de blockchains ont d’innovation technologique. Et c’est quelque chose qui résonne avec les gens. En termes de TVL, nous sommes la deuxième plus grosse blockchain dans la famille des PoW.
C’est aussi dû au fait que dans la famille des PoW, très peu de blockchains ont des smart contracts. Nous avons vu l’année dernière un regain d’intérêt pour ces blockchains PoW.
Quel est votre but ?
Aujourd’hui, si vous discutez avec d’autres projets, plus de la moitié de leur budget va dans les smart contracts et les audits.
Notre innovation permet donc de réduire drastiquement les vecteurs d’attaques et ces problèmes.
À la défense d’EVM, ils étaient les premiers à le faire. Mais la réalité est qu’étant les premiers, il y a des choix de design qui sont aujourd’hui contre-intuitifs.
Par exemple, sur Uniswap tu dois approuver les assets auparavant. C’est donc deux transactions et nous payons deux fois. Et comme les gens n’aiment pas faire cela, tu dois souvent approuver un nombre illimité de tokens pour ne plus avoir à le faire. Tu donnes donc l’autorisation à ce contrat de prendre à n’importe quel moment tous ces tokens de ton wallet.
Et tu ne peux pas le révoquer dans ton wallet, tu dois trouver un site de confiance en connectant ton wallet pour voir des approbations et les détruire.
Toutes les blockchains EVM héritent de ce designer. Nous avons construit quelque chose de différent et surtout de plus logique.
Notre idée n’est pas de devenir “l’Ethereum killer”. Nous croyons vraiment en l’avenir du multi-chaînes. Mais nous voulons apporter à l’industrie des solutions différentes dans l’idée d’innover réellement.
Nous voulons contribuer de manière positive à l’industrie en général.
Mais nous pensons que la décentralisation du réseau donne une énorme valeur ajoutée à notre blockchain. PoW est la meilleure façon qui permet actuellement de faire cela.
Vous ne faites donc pas de concurrence avec Ethereum ?
En soi, nous voulons faire un meilleur Ethereum en prenant les forces du Bitcoin. En améliorant les technologies utilisées par Bitcoin pour offrir un meilleur environnement pour faire des dApps. D’ailleurs, les Bitcoin maximalistes, pas tous, mais beaucoup, apprécient la valeur de Alephium.
Aujourd’hui, beaucoup de plateformes, surtout les exchanges, par l’appât du gain, investissent et supportent principalement des projets axés sur le marketing (memecoins, etc). Alors que nous sommes très loin d’un écosystème simple d’utilisation et sécurisé. Il est donc extrêmement important de continuer à soutenir l’innovation et les projets d’infrastructure.
Où en est le listing de ALPH ?
Quand tu es Layer 1, il est beaucoup plus compliqué de lister ton jeton. Car quand tu as une blockchain principale, l’exchange doit intégrer ton nœud. Donc, il y a un coût d’intégration et un coût de « maintenance ». De plus, quand tu es une blockchain plus jeune, tu as beaucoup de mises à jour à venir, ce qui peut également refroidir certains exchanges.
Cela coûte bien plus cher que de lister un jeton avec lequel ils ont juste à copier-coller une adresse de contrat. Ils le font peu, surtout les gros exchanges.
Eh bien évidemment, la plupart des listings ont un coût non négligeable associé. Donc, tu dois non seulement les payer, mais ils doivent surtout t’autoriser à les payer et vouloir faire tout cela. Les prix évoluent énormément sur le marché. Entre un bull et bear market, nous pouvons avoir du x10 sur le prix de listing sur un exchange.
Pour les exchanges du top 10, nous arrivons à des budgets de centaines de milliers de dollars.
Au final, avoir une stratégie plus diversifiée, cela profiterait aux échanges, car en bear market, ils perdent énormément d’utilisateurs. S’ils investissent aussi dans des projets utilitaires et avec des infrastructures, ça peut les aider. L’utilité attire bear market ou bull market.
Ils devraient avoir une approche plus mesurée pour le listing. C’est une question de risk/reward. Ils doivent faire plus de dues diligences. Mais ils choisissent toujours d’aller vers le short term, d’aller au plus simple.
C’est un marathon à la vitesse d’un sprint. Nous faisons tout pour que cela se fasse sur tous les exchanges.
Qu’en est-il du minage sur Alephium ?
Il y a différentes machines pour miner. Tu peux miner avec des CPU ou des GPU. Ces deux types de machines ne sont pas spécialisés et peuvent être utilisés pour miner sur différents blockchaims.
Dans les machines spécialisées, il y a les FPGA. Mais étant spécialisé pour ton jeton, c’est plus efficace que les CPU et les GPU.
Puis, les ASICs, ce sont des machines extrêmement puissantes en termes de calcul et en plus optimisées pour ton jeton et ta blockchain.
Bitcoin utilise le SHA2, Kaspa utilise KheavyHash et nous utilisons ce qui s’appelle Blake3. Ce sont différents algorithmes. Et les ASICs sont spécialisés pour certains algorithmes.
Les ASICS Bitcoin ne peuvent pas être utilisées pour Alephium et vice-versa.
Comme ce sont des machines spécialisées, les mineurs ASICs sont beaucoup plus investis dans votre écosystème puisqu’ils sont obligés de miner sur votre blockchain et ne peuvent plus changer.
C’est important d’avoir un noyau solide de mineurs ASICs. Cela permet d’augmenter le hashrate plus rapidement puisque ce sont des machines puissantes, et donc d’augmenter la sécurité du réseau plus rapidement. Mais également de fidéliser les mineurs.
Quelles sont vos prochaines étapes ?
Nous avons les oracles, les premiers sur Alephium Cela va permettre à une deuxième génération de dApps d’apparaître. Par exemple pour des protocoles de lending, pour de la DeFi un peu plus complexe. Ce sont des dApps qui attirent beaucoup de gens.
Nous avons par exemple un projet Alephium de overcollaterized stablecoin qui arrive. Un peu un mélange de MakerDAO et d’autres projets.
Nous travaillons également pour avoir des intégrations avec des hardwares wallets. Des fiats onramp, pour faciliter l’entrée. Des bridges supplémentaires. Les nouveaux ASICs sont une super nouvelle également.
Nous sommes une petite équipe, mais grâce aux bridges, nous avons pu amener des stablecoins dans notre écosystème très tôt. Étant lancé dans un bear market, l’adoption est arrivée plus lentement, mais cela nous a donné le temps de construire.
Alephium est un projet qui s’est construit progressivement, dans l’ombre des gros projets comme Ethereum. Dans la mesure où la scalabilité a été l’un des grands sujets ces deux dernières années, Alephium a créé une blockchain qui répond de manière innovante à cette problématique.
Grâce à son approche de PoLW et à un partitionnement du réseau, Alephium peut permettre jusqu’à 10 000 transactions par seconde tout en maintenant une sécurité connue pour être la force des blockchains PoW.
Plus le nombre de transactions est grand, plus il peut y avoir de liquidité et donc moins le marché est illiquide. Avec un marché DeFi qui pourrait apparaître sur Alephium dans le futur, il sera intéressant de suivre leur évolution.
Le succès de Solana par rapport à Ethereum prouve que la rapidité et la simplicité d’utilisation d’une blockchain est favorisée par les utilisateurs. Alephium commence véritablement à se construire une communauté grandissante de développeurs et maintenant de mineurs, noyau et base nécessaires pour qu’une blockchain évolue.
Interview de : Maud Bannwart, la COO d’Alephium.
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